mercredi 21 novembre 2012

Ca fait pas rire les patates à la cave !


Encore une fois, quelques semaines avant le départ, j'ai cette boule dans le ventre.
J'ai le sentiment de me faire avoir par le temps, ça passe trop vite, ou trop lentement. Je suis nostalgique avant l'heure, je vis avec passion mes derniers moments avec les enfants. Je trie mes activités, je me suis mise à leur apprendre à jouer aux cartes. Ils deviennent adeptes du kems et du mistigri, mais commencent aussi à comprendre les stratégies du barbu. Je suis plus présente qu'avant, et chaque éclat de rires, même au détriment de la maitresse de maison, est une victoire sur le temps. J'ai même l'espoir d'enseigner les prémices de la belote aux plus grands... Je dis les choses avec sincérité et je me donne entièrement dans ce que je fais. Je me dis que ce voyage m'a apporté beaucoup plus que ce que je leur ai laissé, et ça m'attriste un peu de voir cette réalité. 

Je sais que quand je reviendrai ici, tout sera différent.
Ma façon de voir la ville, les gens. Je n'aurai plus autant ce sentiment de découverte, je connais les ruelles, je connais les bons restos, je sais où aller et combien payer. La complicité que j'ai avec ma Sony boyni sera amoindrie par son âge grandissant, et nos cours de français avec Dhana, Doma, Minu, Quisang ou Prem maya n'auront plus le même résultat... 

Ouvrir les yeux sur cette réalité me fait chier. Comme si, inconsciemment, le fait de partir, toujours, est un moyen de la fuir. Je vis dans un rêve, et en me reconstruisant un monde de toute pièce, je ne peux que découvrir et m'émerveiller. Sauf qu'il est temps de se réveiller, et de rentrer au bercail. Il est temps de se secouer, d'arrêter de courir, il est temps de ralentir, de se retourner et d'affronter cette putain de réalité.

Purna m'a aussi donné son mala. Un de ses plus vieux mala, qui est devenu rare et qui contient une grande histoire et plein de secrets. C'est un cadeau qui n'a même pas de valeur tellement il m'est symbolique, tellement il m'est cher. Il veut dire beaucoup ; il veut dire que je le mérite, que Purna croit en moi, que j'ai la valeur de l'objet. Il me dit aussi qu'on s'est connu dans une ancienne vie, et je souhaite qu'il dise vrai !


------------------------ Frenglish version ------------------------
Just like every time I'm about to leave, I have this weight in my belly.
I have the feeling that I get ripped of by time, it goes too fast or too slowly. I'm nostalgic before I have to, I live my last moments with the kids with an absolute delight, I sort my activities, I've started to teach them card games. I'm more present than before, and each laugh sound is a victory on time. I think that this journey brought me a lot more than what I gave them, and I'm quite sad to realise it.

I know that when I'll come back here, everything will be different.
My way of seeing the city, the people. I won't have this discovery feeling, now that I know the streets, the good restaurants, now that I know where to go and how much to pay. My complicity with my little Sony boyni will also be reduced regarding her growing, and our french lessons with Doma, Dhana, Minu, Quisang or Prem maya won't have the same results...  

Opening my eyes on this reality annoys me. Just like if, unconsciously, the fact of leaving, always, is a way to escape it. I live in a dream and rebuilding a whole world, I can only discover and be amazed. But it's time to wake up, to go back home. It's time to shake myself, stop running, time to slow down and go back and face this fucking reality. 

Purna also gave me his mala. One of his oldest mala, that became rare and has a big history and many secrets. It's a gift that don't even have a value so it's symbolic. So it's important to me. It means a lot ; it means that I deserve it, that Purna believes in me, that I have the value of the object. He also told me that we met in a previous life, and I wish it's true !



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